Le  marché du sport connaît une forte mutation avec les nouvelles technologies.

« La transformation et la digitalisation de l'économie bousculent les acquis et font naître de nouveaux métiers dans le management et marketing du sport », a indiqué Baptiste TRICOIRE, dirigeant de Kotelo Conseil, Futurist Speaker et professeur dans différents MBA lors d'une conférence au salon Eduniversal 2017 des Meilleurs Masters et MBA.

Avec la mutation technologique, apparaissent les stades connectés ou « e-stadiums », le real marketing, l'utilisation et exploitation de données (Big Data), la réalité virtuelle ou augmentée, le développement de l' « e-sport » avec les jeux vidéo autour du sport, le « home watching » avec les retransmissions de matchs, le content marketing… Ces activités créent toutes de nouveaux business et de nouveaux axes de développement.

Home experience

« La croissance exponentielle du digital dans la société moderne impacte grandement la stratégie marketing des clubs sportifs. Elle fait également émerger une nouvelle manière de consommer le sport avec le « home watching ». Il est en effet bien souvent plus facile pour un fan de regarder un match confortablement assis dans son salon que d'emmener toute sa famille dans un stade. Il faut savoir que 57% des fans préfèrent regarder les matchs chez eux » explique Baptiste TRICOIRE. Il mentionne aussi « l'apparition de nouvelles technologies qui permet de restituer au consommateur à domicile une expérience immersive et proche de celle du stade tout en développant un package de services associés à forte valeur commerciale, comme le changement d'angles de caméras, la commande de nourriture depuis le poste télé, l'utilisation de la 3D et le partage de contenu ».

La création des contenus (vidéos, sites web, applications…) fait apparaître de nouveaux besoins et intervenir ensemble un grands nombre de spécialistes tels que les développeurs informatique, les monteurs vidéos, les social media managers, les web-marketeurs, les data analysts et scientists, les gestionnaires d'infrastructure réseaux, les spécialistes sécurité. Quant aux métiers traditionnels de la communication et du marketing, ils se réinventent de façon permanente avec la digitalisation.

A l'heure du Big Data et des objets connectés, le sport professionnel n'est pas le seul impacté. Le sport loisir devient une mine d'informations pour les compagnies d'assurances et les groupes de santé. « Le futur sera-t-il régi par une obligation de la pratique sportive ? Par des tarifs d'assurance santé dégressifs en fonction du nombre d'heures effectuées ? Par un contrôle de l'activité physique via un objet connecté ? » lance l'expert.

E-sport

Avec un revenu généré par l' « e-sport » en France estimé en 2016 à 22,4 millions de dollars américains et un taux de croissance de 14 %, les auteurs d'une étude menée par Paypal et le cabinet Superdata estiment que l' « e-sport » hexagonal pèsera près de 26 millions de dollars dès 2017 et 28,8 d'ici 2018. Aujourd'hui, des clubs de football comme le PSG embauchent des joueurs qui s'affrontent lors de compétitions virtuelles nationales et facilitent ainsi l'émergence de marchés annexes au football traditionnel tout en générant de nouveaux revenus encore inexistants il y a 5 ans.

Stadium experience

Evoquant la « fan experience », Baptiste TRICOIRE explique que les stades américains remplissent aujourd'hui de nouvelles fonctions : « plus qu'une enceinte sportive, le stade est pour les clubs un véritable outil où la technologie change radicalement la façon dont le spectateur interagit avec le spectacle sportif qui se déroule sous ses yeux. Les enjeux majeurs ne sont donc plus simplement d'offrir un siège au fan mais de conserver l'attractivité des stades, en proposant une expérience unique et connectée dans l'enceinte sportive ».
Pendant que les hommes regardent les matchs, les enfants peuvent jouer et les femmes faire du shopping dans l'enceinte même. Les spectateurs ont l'occasion d'acheter un billet digital comprenant une offre étendue : accès aux caméras, écoute du coach, possibilité de changement de siège, réductions ciblées.

« La digitalisation des stades offres aux clubs la possibilité d'exploiter les données de façon intelligente en ciblant chaque consommateur afin de créer une expérience client unique et accroître les ventes tout en construisant des profils clients segmentés par intérêts pour créer de nouveaux partenariats (publicité de marque de luxe pour les VIPs, réductions au bar, discount sur un maillot, contenu additionnel personnalisé…), commente l'expert.

De nouvelles perspectives d'emploi

Que ce soit pour le « home watching », la « stadium experience » ou la création d'une application mobile, de nombreux métiers sont impliqués. Les stratèges marketing pensent stratégie, les développeurs et UX designers créent l'interface, les DSI gèrent l'architecture informatique associée, les spécialistes du Big Data extraient et enregistrent les données et les analystes les qualifient pour un meilleur ciblage et la création de contenus segmentés.
Trois types de métiers émergent ainsi dans ce marketing sportif 3.0 : les métiers de création de contenu (content marketer, développeur, Ux designer, programmer), les métiers du digital marketing (webmarketeur, spécialiste digital), et les métiers des collecte et d'analyse des données (Big Data, Data analyst, Data scientist).

En plus de l'anticipation du marché, Baptiste TRICOIRE rappelle les compétences nécessaires pour travailler dans le commerce et le marketing sportif : la maîtrise de l'anglais, la flexibilité (mobilité internationale), la polyvalence, la communication, l'organisation, la compréhension des environnements juridiques, le développement permanent de son réseau. Il conseille aux futurs diplômés de ne pas négliger le volontariat qui s'avère un excellent outil de réseautage et une opportunité d'acquérir de nouvelles compétences lors d'un événement d'envergure internationale.