De nombreuses écoles, universités, IAE ont encore annoncé le choix de l'alternance pour leurs formations de niveau Master à la rentrée 2016.
Une voie qui permet d'associer formation théorique et pratique en entreprise, tout en étant rémunéré.
Quelles sont les raisons qui les poussent à opter pour cette formule dans tous les secteurs ?

 

Un tremplin pour l'emploi

 
S'il y a encore 5 ans, l'alternance permettait avant tout de financer ses études et de mettre en application ses connaissances, elle est surtout un véritable « passeport » pour l'emploi dans la conjoncture actuelle. Les établissements l'ont bien compris. En 2013-2014, 10% des étudiants en Master étaient déjà en apprentissage (source ministérielle). De leur côté, les entreprises doivent composer avec un cadre législatif les incitant à avoir un certain nombre d'alternants dans leurs effectifs.
 
« Les jeunes ont des difficultés pour l'accès à l'emploi cadre depuis 2008. En 2007, ils étaient 48 000 jeunes diplômés à trouver un poste de cadre. En 2013/2014, ils ne sont plus que 35 000. En 2016, les chiffres remontent un peu : ils devraient être 43-44 000. Les jeunes ont bien intégré qu'une expérience professionnelle significative était un atout », indique Pierre LAMBLIN, directeur du département Etudes et Recherche de l'APEC, l'association de référence pour l'emploi des cadres.
 
Même discours chez Sébastien JELY, directeur adjoint de l'IMDRH (Institut du Management Des Ressources Humaines) : « Les diplômés de moins de 26 ans sont très touchés par le chômage. Ce qui les pousse à trouver une solution pour éviter cette situation. Or, l'alternance est un tremplin pour l'emploi après l'obtention du diplôme. Lorsque l'on compare un jeune diplômé avec un autre ayant 2 ans d'expérience grâce à l'alternance, l'écart est grand pour l'employeur ». L'école lancera d'ailleurs à la rentrée un cycle de 2 ans en Management des RH en alternance après un Bac +3 (5 jours de cours par mois seulement pour laisser un maximum de place à la mise en situation, cruciale dans les ressources humaines).
 
En école de commerce, on indique aussi qu'à compétence égale, les recruteurs privilégieront les candidats ayant vécu une alternance. A l'ESC Amiens, tous les nouveaux programmes de niveau Bac +4/5 sont au choix en « initial » ou en contrat de professionnalisation (pour les MBA et Programmes Grandes Ecoles). « Les étudiants en alternance trouvent du travail avant les étudiants en initial » confirme le directeur, Yann TOURNESAC.  

La culture du terrain

 
Pierre LAMBLIN explique : « les entreprises recherchent des candidats immédiatement opérationnels, adaptables, connaissant le monde de l'entreprise et ayant une capacité à interagir avec les différents services (production, finances, RH, informatique, etc.). Or, on n'apprend cela que sur le tas. En plus, l'alternance est une filière sélective dans la mesure où il faut être capable de conjuguer travail et études en même temps. 
D'ailleurs, pour Sébastien JELY, « les entreprises utilisent ce moyen de recrutement des collaborateurs. C'est une bonne façon pour eux de les tester, de les « formater » en observant leur montée en compétences en adéquation avec la formation. » Et d'ajouter : « La génération Y qui accède à la stratégie managériale encourage cette culture du terrain et de la formation en même temps. »
 
A l'université, l'alternance est adoptée pour les Masters ayant des débouchés directs sur le marché du travail et à condition que les responsables de programmes s'engagent pleinement sur cette voie qui demande toute une organisation. L'alternance gagne du terrain sous l'impulsion des enseignants de plus en plus sensibles à la problématique de l'emploi. L'auto-financement des formations, grâce à la gestion des CFA (Centre de Formation d'Apprentis) pour les contrats d'apprentissage, facilite aussi l'adhésion des universités.
 
« On s'aperçoit que l'alternance est très efficace en termes de formation et d'intégration des étudiants pour les Masters professionnels », commente Francis KESSLER, directeur du Master 2 professionnel Droit de la protection sociale d'entreprise de l'université Paris I. « Dans le cas de notre programme, il est nécessaire que les étudiants aient une prise avec la réalité. De nombreux éléments sont appris par la pratique. Au final, 100% de nos étudiants ont un emploi après leur formation », précise-t-il.
 
Mais ce résultat repose selon lui sur un investissement très important des responsables pédagogiques qui passent beaucoup de temps dans la gestion et l'organisation de l'alternance, allant même jusqu'à trouver toutes les entreprises d'accueil pour leurs étudiants. « C'est ce qui se passe à Paris I. Nous voulons nous assurer que les postes soient complètement en adéquation avec la formation et connaître les maîtres d'apprentissage. Le travail de mise en contact est énorme. », indique-t-il.
 

Stage ou alternance ?

 
Le contrat d'alternance se révèlerait plus efficace qu'un stage pour trouver un emploi. Serait-ce dû à la différence de statut qui n'amènerait pas aux mêmes types de responsabilités ?
 
Pour Sébastien JELY, «  il n'y a pas forcément de différence en entreprise. Cela dépend de la mentalité interne. A l'IMDRH, nous n'avons pas fait le choix des stages de 6 mois car ça n'est pas très rémunérateur pour l'étudiant. Nous ne souhaitons pas que nos étudiants aient un crédit pour financer leur formation lorsqu'ils démarrent leur carrière professionnelle. Et ils sont mieux considérés grâce à leur rémunération de salarié ».
 
Selon Pierre LAMBLIN, les deux formules se vaudraient aussi, avec un penchant également pour l'alternance dont la longue durée permettrait « une meilleure connaissance de l'environnement du travail, du poste et d'avoir le temps de montrer ses compétences ». En 2011, 40 à 50% des alternants se voyaient proposer un contrat de travail que 60% d'entre eux acceptaient. En 2015, l'APEC donnait la situation uniquement pour l'ensemble « stage et alternance » concernant les promotions tout juste sorties en 2014 : 15% des jeunes trouvaient un emploi. Tandis que 21% en trouvaient un via une approche directe finalement.
 

Contrat pro ou apprentissage ?

 
Avec un contrat d'apprentissage (pour les 16-25 ans), on obtient un diplôme d'Etat comme le Master ou un titre à finalité professionnelle. Le CFA intervient sur le contenu de la formation.
Le contrat de professionnalisation, lui, permet d'acquérir notamment une qualification professionnelle (enregistrée ou non au RNCP) sur une durée plus courte en général. Il est aussi ouvert aux plus de 25 ans demandeurs d'emploi et peut être mieux rémunéré (selon des critères).
Pour l'entreprise, le mode de financement est différent. Le contrat d'apprentissage est financé via la taxe d'apprentissage et permet aides et exonérations. De son côté, le contrat de professionnalisation l'est par le plan de formation de l'entreprise (dont une partie peut être pris en charge par l'OPCA, structure de gestion des financements).
 

Une recherche d'emploi multicanaux

 
Comment chercher un emploi aujourd'hui ?
« Les recruteurs sont multicanaux : les entreprises utilisent aujourd'hui 4 à 5 canaux pour recruter, de l'annonce sur leur site aux candidatures spontanées, en passant par l'APEC. Les jeunes aussi se doivent d'être partout. Il faut noter que 30% de ceux qui sont recrutés étaient visibles via l'un des canaux » conseille Pierre LAMBLIN.