Trouver un travail grâce à son réseau n'est pas si difficile. Nous sommes, sans le savoir, à quelques contacts de notre cible. Un peu de méthode, d'organisation et surtout d'action… A vous de jouer !

Mathieu CHERUBIN, Project manager chez Eduniversal et spécialisé sur le Sourcing et les réseaux sociaux professionnels, nous explique comment s'y prendre. Matthieu est un ancien étudiant de NEOMA Business School.

 
Mastersbooking : La majorité des personnes fait-elle appel au réseau pour trouver un emploi ?

Mathieu CHERUBIN : Les cadres sont 66% à être convaincus de la nécessité d'entretenir un réseau pour progresser professionnellement, et la plupart pour trouver un emploi.

Mais peu de gens agissent pour s'en constituer un, en utilisant outils et méthode. Le réseau est le résultat d'une démarche construite dans seulement 15% des cas et 73% déclarent ne pas avoir le temps !

Mastersbooking : Pourquoi le réseau est-il indispensable dans sa recherche d'emploi ?

M.C. : Les jeunes diplômés envoient en moyenne 29 CV pour décrocher un emploi (Le Monde, juillet 2016). Or, chaque offre (de ce qu'on appelle le « marché visible ») génère de 100 à 700 candidatures. La concurrence est donc très forte. Alors que le « marché caché » (qui rassemble les offres non annoncées) représente 35% des opportunités et 80% des postes de cadres pourvus !

Et surtout, seuls 8 à 10 candidats se positionnent sur les postes. Cerise sur le gâteau : les salaires sont 20% supérieurs à ceux du « marché visible ». Pour les cadres confirmés, qui bénéficient de recommandation, 75 à 85% des embauches se font via le réseau (étude APEC « Perspectives de l'emploi cadres 2016 »).

Mastersbooking : Pourquoi est-il même important pour sa carrière ?

M.C. : Jon ACCUF (Do over : rescue Monday, reinvent you work, and never get stuck, 2015) parle d'un « Compte Epargne Carrière ». Selon lui, une carrière se constitue par ses compétences, sa personnalité et ses contacts, tout ceci multiplié par son « moteur » (ce qui pousse à faire ce que les autres ne font pas). Or, la variable que les gens oublient le plus, ce sont les contacts.

Mastersbooking : Quelle est la grandeur de notre réseau en général ?

M.C. : Certaines personnes pensent ne pas avoir de réseau. Or il est beaucoup plus important que ce qu'ils croient. Au minimum, chacun a entre 200 et 250 contacts.  Nos réseaux sont à la fois informels / personnels (famille, amis, voisins…) et formels : « social » (clubs, associations…) et professionnel (écoles, professeurs, clubs étudiants, diplômés, collègues et anciens collègues, entreprises, clubs professionnels).

Et rares sont les personnes à savoir que 6 personnes en moyenne nous relient - par ricochet - à n'importe quel contact dans le monde ! En moyenne, il suffit même de s'appuyer sur son 2e ou 3e cercle de contacts pour atteindre la personne visée. Cette théorie a été démontrée par Frigyes Karinthy dès 1929 à une époque où nous n'avions évidemment pas les réseaux sociaux !

Mastersbooking : Quelles sont les premières étapes pour constituer son réseau ?

M.C. : On commence par prendre le temps d'identifier chaque personne. Je préconise la méthode des post-it ! Ecrivez le nom d'un contact sur chaque post-it, en commençant par vos plus proches relations, puis vos connaissances.

Six questions vont vous mettre sur la voie :

  • Qui parmi mes contacts excelle en terme de carrière pour me conseiller ?
  • Avec qui ai-je travaillé, y compris en stage, y compris les prestataires ?
  • Quelles sont les personnes inspirantes que je connais ?
  • Quels sont les entrepreneurs (qui ont un grand réseau) que je connais ?
  • Quels sont les personnes que je suis « follow » en ligne dans mon domaine (lesquelles répondent en général aux sollicitations)
  • Quelles sont mes contacts qui pourraient avoir un impact sur ma carrière et que j'aurais oubliés ?

Mastersbooking : Quelles actions entreprendre au départ ?

M.C. : Il faut prévoir un plan d'actions pour contacter les personnes. Je suggère de remplir un tableau comportant le type de réseau, le contact, le moyen de le contacter, l'action (passer un coup de téléphone, prendre un verre, organiser un déjeuner, envoyer un e-mail ou un message via les réseaux-sociaux), le timing.
Il ne s'agit pas de se mettre la pression mais d'établir un plan raisonnable avec des objectifs précis et des dead-lines. Par exemple, on peut prévoir de rencontrer une personne tous les 15 jours.
Il faut bien sûr préparer ce que l'on a à lui demander : conseils, informations métiers, contacts ciblés, etc.

Mastersbooking : Comment aller plus loin pour trouver son job ?

M.C. : Pour aller plus loin, je conseille vivement les entretiens « réseaux », qui sont des entretiens informels pour valider son projet, une occasion pour récolter un maximum d'informations et obtenir de nouveaux contacts pouvant devenir des recruteurs potentiels. Cela se prépare rigoureusement.

Commencez par la phase d'identification (secteurs cibles, organisations ou entreprises). Pour chaque société, il faut identifier les interlocuteurs cibles. Privilégiez les managers et les entrepreneurs car ceux sont eux qui émettent les besoins, qui sont décisionnaires et qui ont une vision plus large du secteur. Enfin, restez à l'écoute du marché (presse, études, blogs).

Mastersbooking : Comment se déroule un « entretien-réseau » ?

M.C. : Le RDV se prépare à la manière d'un entretien de recrutement : résumé de son projet, questions pour s'assurer de sa bonne démarche et pour connaître mieux le secteur. Une fois dans l'établissement, il faut être ponctuel, souriant, apporter une carte de visite, rappeler le contexte, l'objectif et le contact commun, reconfirmer le temps de l'entretien.

Après la phase d'exposition du projet et de ses compétences, intervient la demande de 2 ou 3  contacts : « Avez-vous des personnes à me recommander dans ma démarche ? ».

Il ne faut pas oublier de remercier son interlocuteur pour le temps consacré et les conseils. Une démarche à effectuer de nouveau dans les 24h après, à travers un e-mail de remerciement. Pour le suivi, tenez un fichier Excel à jour sur vos contacts. Car il faut continuer à garder le lien en prenant et donnant des nouvelles, en essayant même de rendre service à l'autre également.

Le networking est une démarche « win-win » qui s'inscrit sur le moyen ou long terme. On peut la comparer à un marathon et non à un sprint, et dont les fruits peuvent être récoltés plusieurs mois après dans certains cas. Il faut toujours donner pour recevoir et rester ouvert aux demandes.

Mastersbooking : Comment entretenir son réseau ?

M.C. : Je conseille de l'entretenir régulièrement par de petites actions en plus des RDV : participer à des événements pour s'informer et rencontrer des gens, aller sur les réseaux sociaux, publier des contenus sur son domaine pour asseoir son expertise, faire un calendrier d'actions.

Pour finir, je suggère la lecture du livre Trouver le bon job grâce au réseau (2015) d'Hervé BOMMELAER qui contient de précieux conseils directement applicables. Personne ne peut devenir le parfait networker du jour au lendemain mais il faut se fixer des objectifs raisonnables et surtout oser. Il ne faut pas avoir honte de sa recherche !
 
Propos recueillis par Nathalia Kapferer